DES MOINES BENEDICTINS AU SENEGAL, POUR QUOI FAIRE ?
La question n'a pas manqué de se poser dans l'esprit de beaucoup de ceux qui, au Sénégal comme en France, ont entendu parler du projet de fondation de l'Abbaye de Solesmes au Sénégal, au début des années soixante. Chez certains, elle se doublait d'une autre question : croyez-vous que les africains soient faits pour une vie monastique ?
A cela l'abbaye fondatrice donna dès le début une réponse claire et nette. Il s'agissait de répondre dans la foi à un appel venu de l' Eglise, tant de la part de son autorité centrale invitant de façon pressante à l'établissement de communautés comtemplatives en pays de mission, que de la part d'une église particulière d'Afrique venant solliciter une fondation monastique.
Dans une lettre du 12 décembre 1960, le Père Abbé de Solesmes précisait à l'Archevêque de Dakar : « Il est bien entendu qu'il s'agit d'un monastère comtemplatif. »
Située en bordure de l'Atantique, encadrée par la Guinée Bissau et le Sénégal au Nord, par le Mali à l'Est, le Libéria et la Sierra Léone au Sud, la République de Guinée a une superficie de 245 857 km², une population de 12.72 millions d'habitants dont 85% de musulmans et environs 8% de chrétiens. La 1 ère évangélisation date de 1887 et le pays comprend 3 diocèses : Conakry, Kankan et N'zérékoré.
Depuis près d'un siècle, se multiplièrent les appels de l'Eglise invitant les Ordres religieux anciens à fonder partout dans les pays de mission des centres de vie contemplative. A l'époque, les papes qui se sont succédés n'ont cessé de relayer cet appel, exprimant une attente datant de près de 2000 ans : l'attente de l'Eglise du Christ. Perspective, espoir, enracinés dans l'appel du Maître : « Viens, suis-moi ! »...
Les moines de Keur Moussa ont été envoyés en mission, en Guinée Conakry, par la voix autorisée de ses pasteurs, d'abord : Son Excellence Le Cardinal Robert SARAH, Archevêque émérite de Conakry, ensuite, par son successeur, Son Excellence Monseigneur Vincent COULIBALY.
C'est sous l'impulsion donnée par Jean-Paul II à la fin du 2 ème millénaire, avec pour mot d'ordre " Duc in altum ", que le Père Abbé de Keur Moussa exhorta l'équipe fondatrice, au moment de son départ pour le nouveau monastère Saint Joseph de Séguéya, le 31 Décembre 2003 : « En ce moment décisif de l'histoire de notre communauté monastique, le Seigneur nous demande, dans un sursaut de foi surnaturelle, cet abandon absolu à Lui ; c'est un acte de foi, un acte d'espérance, un acte d'amour que nous posons comme croyants et comme enfants de l'Eglise-Mère, enfants de l'Eglise de Jésus-Christ qui nous envoie. Nous sommes heureux et même fiers d'être choisis malgré notre misère pour cette belle et admirable oeuvre de l'Eglise (...)
Les difficultés jalonnent notre route en Guinée. Car jusqu'à ce jour, presque 15 ans après, nous sommes encore dans des habitations provisoires. Notre coeur passionné pour cette oeuvre missionnaire est néanmoins débordant de joie. Nous sommes heureux de travailler de cette façon-là, dans la vigne du Seigneur.
Nous sommes heureux de lier aujourd'hui notre destin à celui du peuple de Guinée, les moines leur apportant la richesse de la tradition monastique enrichie par une nouvelle culture qu'offrent les couleurs locales.
Le monastère Saint Joseph de Séguéya se situe dans l'Archidiocèse de Conakry à 150 km de la capitale et à 20 km de Kindia, deuxième ville du pays. Le monastère compte présentement dix moines qui s'adonnent à la louange quotidienne et aux travaux des champs. L'idéal pour ces moines serait de vivre ce que vivaient les chrétiens de la communauté primitive :« ils n'avaient qu'un seul coeur et qu'une âme » tout comme les premiers disciples de Jésus (cf. Ac.4,32); et, sans cesse, ils vaquaient à la prière, à l'action de grâce de Marie. (Ac 2,42) »